jeudi 11 août 2011

Entre vie d'avant et vie de plaisance


Giffaumont-Champaubert (Marne) plonge le flâneur au cœur de l'histoire du lac du Der et du bocage champenois. C'est aussi une balade bucolique pour le plaisir des yeux, du nez et des oreilles.

Aujourd'hui plus connu comme la petite capitale de la plaisance et des sports nautiques, Giffaumont-Champaubert est le coin le plus touristique du lac du Der-Chantecocq. La station nautique, qui regorge de boutiques, snacks, restaurants et cafés, est souvent envahi par les familles le dimanche et les touristes l'été. Autant le savoir. Cependant, l'âme de Giffaumont ne s'arrête pas à la station nautique. Loin de là. Et surtout pas.
Prendre le temps de se balader dans le village situé un peu avant le port de plaisance en venant de Vitry-le-François, c'est d'abord découvrir l'architecture champenoise, avec ses très jolies maisons à pan de bois, toutes aussi fleuries les unes que les autres. Des parterres de lavandes offrent parfois une ambiance méridionale. C'est aussi se balader dans le parc botanique doté d'espèces locales et ornementales et de nichoirs à oiseaux.
Un véritable havre de paix installé près de la rivière Droye avec sa mare peuplée de poissons et de plantes aquatiques. Ce n'est pas tout. La place avec son café et sa pizzeria, son excellent restaurant et sa balade fleurie enchanteront forcément le flâneur.


Voiture à bras à incendie

Entrer dans Giffaumont, c'est aussi pénétrer dans le souvenir de deux des trois villages disparus qui hante encore les eaux du Der. À Giffaumont, on se glisse dans la mémoire de Champaubert et Chantecocq. Des coins de rue rappellent que la création du lac s'est réalisée dans la douleur. Devant des habitations, siègent la voiture à bras à incendie de Chantecocq. Un peu plus loin, c'est l'attelage complet de Champaubert qui porte le numéro 62292, construit par la société Sohy Constructeur mécanicien alors installée à Paris au 62 de la rue Amelot.
Rappelons-le, le 8 janvier 1974, date à jamais gravée dans toutes les mémoires des Giffaumontais, l'un des plus grands lacs artificiels d'Europe était inauguré près de là. Seules deux communes ont survécu : Giffaumont et Sainte-Marie.
Avec le lac, c'est en effet toute la géographie du sud-Vitryat qui s'est vu bouleversée.
Après huit ans de travaux pharaoniques, la vie de centaines d'habitants a changé, à jamais emportée par 350 millions de mètres cubes d'eau. Un projet, évoqué depuis les années 1950, qui passait inévitablement par la suppression des trois villages : Champaubert-aux-Bois (225 habitants), Chantecoq (57 habitants) et Nuisement-aux-Bois (63 habitants). Il y a bien eu de la résistance mais rien n'y a fait.


Les habitants de Champaubert furent donc rattachés à Giffaumont qui avait déjà absorbé Chantecocq en 1968. Un déménagement historique, pas tout à fait comme les autres. Il a fallu changer le nom des villages mais aussi transférer les archives des états civils, trouver une solution pour les morts, enterrés dans des cimetières bientôt engloutis. Certains défunts ont été transférés à Giffaumont.
L'histoire de Giffaumont est bien indissociable de Champaubert et Chantecocq, noyés sous les eaux du Der. Mais en trente-cinq ans, Giffaumont a appris à vivre avec sa nouvelle histoire. Pour le plaisir des yeux, du nez et des oreilles.

http://www.lunion.presse.fr/article/marne/entre-vie-davant-et-vie-de-plaisance

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