mardi 19 juillet 2011

Hébergements d'exception / Le Clos Chérêt a traversé quatre guerres

Depuis un quart de siècle, Michel et Monique Simonnot accueillent leurs hôtes au Clos Chérêt, une demeure du XVIIe, le plus grand des vendangeoirs du Laonnois.

HENRI IV y aurait fait halte au cours du siège de Laon qui vit s'affronter Français et Espagnols, durant de longues années, lors de l'un des nombreux épisodes des Guerres de religion. Si l'absence de certitudes règne autour du séjour royal, il est établi, en revanche, que l'empereur Guillaume II d'Allemagne s'y arrêta pendant la Grande Guerre. Le Clos Chérêt était alors occupé par l'état-major allemand dont les troupes s'étaient installées dans la vallée de l'Ailette.
La demeure, plus grand vendangeoir du Laonnois, appartient à la même famille depuis trois siècles. Souvent transmise à des femmes, par le biais des successions, elle a traversé sans trop d'ambages, quatre guerres : 1848, 1870 et les deux Guerres mondiales du XXe siècle.

Sauver le patrimoine

Michel Simonnot, agriculteur à la retraite et son épouse Monique l'ont reprise il y a un quart de siècle et ont été parmi les premiers à opérer une reconversion vers le tourisme. « A l'époque, l'idée était d'aider les gens qui avaient un patrimoine à le sauver. Les revenus de la ferme périclitaient et tout était à refaire », se souvient le couple. Ils y ont aménagé quatre chambres, dont une suite familiale, et un gîte.
Amoureux de leur demeure et de leur région Michel et Monique Simonnot aiment à parler de ces vendangeoirs qui émaillent le Laonnois. Résidences de campagne des riches notables de la Montagne couronnée, on y fabriquait alors le vin de Laon, celui du sacre des rois de France, couronnés alors en la cathédrale de Reims.
Michel Simonnot ravit également ses hôtes avec les souvenirs de sa famille. Comme l'histoire de cette tante qui, en 1914, a refusé d'évacuer la maison à l'arrivée des Allemands. Reléguée par les occupants au grenier, elle y vécut avec sa gouvernante luxembourgeoise qui avait, entre autres, la précieuse qualité de parler la langue de Goethe. Sa compréhension des conversations de l'envahisseur permit à plusieurs villageois d'être sauvés des représailles de l'ennemi.
La tante de Michel Simonnot poussa son dernier soupir dans sa demeure, en 1917. Emballée dans un linceul, elle fut enterrée sur place. Bien des années plus tard, sa dépouille qui portait les trames du tissu et son alliance furent découverts par son neveu.
Depuis 25 ans, pièce après pièce, Monique et Michel Simonnot ont redonné vie à ce beau vendangeoir dont la façade s'étale sur quelque 120 m mais aussi au magnifique parc qui l'entoure. « Notre idée était de garder l''âme et le charme de la maison. Elle n'a jamais été un château, elle était une maison de travail, de villégiature. » Elle est désormais une maison d'accueil.

Elisabeth EHRMANNwww.lecloscheret.com/
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/hebergements-dexception-le-clos-cheret-a-traverse-quatre-guerres

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