Tout a commencé début 2008, lorsque le maire annonce son intention de créer une zone d’aménagement concerté (ZAC) dans la commune pour y construire 33 logements. Un projet adopté dans la foulée en conseil municipal, sans concertation avec les propriétaires des terrains concernés. Ni les protestations orales ni la pétition signée par la moitié du village ne font ciller les élus. « Nous ne comprenons pas pourquoi le maire a choisi ces terrains alors qu’ils sont inondables. Il y a quelques années, un des propriétaires s’était même vu refuser un permis de construire pour ce motif ! », s’indigne Incarnation Noblot, l’une des vingt propriétaires lésés. « Il y a des terrains constructibles à vendre sur la commune mais la mairie ne s’y intéresse pas, cela n’a pas de sens », renchérit Carmen Peirazeau, également à la tête de la fronde.
Manque à gagner pour les retraités
Les habitants du village insistent sur l’importance que représentent ces terres à jardins pour leurs propriétaires. Incarnation Noblot a acheté sa parcelle en 1986. « Avoir un potager, c’était un rêve », explique cette comptable de 59 ans. « La mairie me propose 10 € le m2, mais même à 200 € le m2, je ne voudrais pas le vendre », ajoute-t-elle. La plupart des propriétaires de ces parcelles sont des retraités aux petits revenus. « Ils vivent avec 800 € par mois et mangent toute l’année les fruits et légumes de leur jardin, ce serait un gros manque à gagner pour eux. S’occuper de leur potager est leur seule activité avec les visites au cimetière. Que leur restera-t-il si on leur retire ce plaisir ? », interroge Carmen Peirazeau, 61 ans.Le maire, Gérard Tardy, se décrit lui aussi comme une victime : « La décision de créer cette ZAC a été adoptée par mon prédécesseur et votée avant mon élection. A mon arrivée, je ne pouvais pas revenir en arrière sans raison », dit-il. Selon lui, ce projet est bénéfique pour la commune : « Si nous ne voulons pas devenir une ville-dortoir, nous devons attirer des populations jeunes. » Les propriétaires en colère ont porté l’histoire devant la justice. Sans succès pour l’instant. Le tribunal administratif de Dijon a donné raison à la mairie. Le jugement en appel devrait avoir lieu prochainement. « Si la justice m’avait donné tort, j’aurais abandonné, mais aujourd’hui, je suis coincé », conclut l’édile.
http://www.francesoir.fr/actualite/societe/bourgogne-potagers-discorde-121270.html
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