jeudi 1 septembre 2011

Villenouvelle. Un jardin pour six mille jardiniers

S'ils s'appellent Saint-Sernin, cela n'a rien à voir avec la basilique, ni avec la Ville rose qui fournit aux jardins 60 % de leur clientèle. Saint -Sernin à Villenouvelle dans le Lauragais, c'est le nom du lieu-dit où Bernard Raynaud a, en 2000, introduit le maraîchage et l'arboriculture dans la ferme céréalière familiale. Et si les terres de Saint-Sernin, s'appellent aujourd'hui « jardin », c'est qu'en dépit d'une production qui s'étale sur près de 15 hectares, le maraîchage s'est adapté aux besoins des 6 000 clients qui récoltent eux-mêmes, et à leur rythme, la cinquantaine de variétés de fruits et de légumes qui poussent sur les coteaux. L'hiver les légumes partent vers la ville sous la forme de 400 paniers déposés chaque semaine dans une trentaine de points relais.

Salades, poivrons...

Mais en été, le client est libre de butiner de tomates en courgettes et de salades en poivrons, et tout ce qu'il veut, c'est être sûr de trouver ce qu'il cherche au moment où il vient. Et c'est là que les « Jardins de Saint Sernin » s'éloignent du maraîchage et de ses productions programmées pour une seule et unique récolte mécanique, pour entrer de plain-pied dans le giron du jardinage. Pour rester abondants et tendres tout au long de la saison, les haricots verts doivent en effet être semés en quatre ou cinq fois. Idem pour les tomates qui sont plantées à la mi-mai et en début juin. Quant aux courgettes, il ne faut pas moins de quatre plantations pour qu'elles répondent systématiquement « présentes » à l'heure de préparer la ratatouille. Ce travail hybride entre la grande culture et le jardinage impose d'ailleurs sa norme lorsqu'il est question de fixer les prix. Plus élevés, en raison de l'étalement des plantations et d'une surveillance sanitaire adaptée à chacunes des variétés pour échapper aux traitements systématiques, les coûts de productions sont en contrepartie dégagés des frais de récolte. Lorsqu'il fait ses calculs, le jardinier de Saint-Sernin, met ces coûts en balance avec la production escomptée pour déterminer le prix au Kilo. Exit les marges de la distribution, et la course à la quantité pour rattrapper les prix insuffisants à la production. Dans ce circuit commercial raccourci, « il se peut que parfois on soit un peu plus cher que le supermarché du coin, et parfois un peu moins cher. Mais l'un dans l'autre le client s'y retrouve. » D'autant plus qu'en fonction des périodes les jardins n'hésitent pas à lancer des promos, dont les habitués sont directement avertis par mail. Un peu comme quand vous rentrez de chez votre grand-mère les bras chargés de tomates parce que c'est la saison et qu'elle ne sait plus quoi en faire.
http://www.ladepeche.fr/article/2011/08/28/1154805-villenouvelle-un-jardin-pour-six-mille-jardiniers.html

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