Parcs, promenades et jardins sont au Familistère des prolongements du logis. Ces équivalents de la richesse remplissent des fonctions esthétiques, récréatives, hygiéniques, économiques et éducatives. Le Jardin d’agrément en est le plus remarquable recueil. Il est à plusieurs titres le jardin historique du Palais social : il existe avant la construction de la cité, son aménagement pittoresque veut évoquer un état primitif de la civilisation, il présente un condensé de l’histoire du site, c’est un lieu privilégié de la mémoire du Familistère.
Le terrain en forte pente se situe sur la rive droite de l’Oise entre l’usine et le Palais. La partie basse du jardin est acquise et aménagée en 1856 pour l’usage privé de Jean-Baptiste-André Godin, avant que soit décidée la construction du Palais social. Il est intégré au projet du Familistère dès 1858. Une parcelle contiguë au nord est acquise et aménagée par l’Association coopérative du Capital et du Travail après 1880 pour former un ensemble paysager de 1,2 hectares. Cet espace non bâti tient la cité à distance des fumées de l’usine ; les habitants s’y détendent à l’écart de l’agitation du Palais.
L’agrément du jardin tient à l’aménagement pittoresque de la partie la plus accidentée du terrain et à la succession des zones arborées et des espaces dégagés. Une hutte en bois avec couverture de chaume, peut-être construite dès 1856, constitue l’attraction de la partie ouest du jardin. Le vis-à-vis de ce pavillon rustique et de l’habitation des temps modernes - le Palais - est un raccourci de l’histoire de l’habitation humaine auquel Jean-Baptiste-André Godin consacre un long chapitre dans Solutions sociales (1871). La silhouette du donjon du château des ducs de Guise, qui apparaît par-dessus les toits du Palais, complète la signification du paysage. Trois bassins à l’architecture variée se succèdent dans le sens de la pente vers l’Oise. Le mobilier comprend des statues, répliques d’œuvres réputées, des vases et bancs en fonte de fer produits par la manufacture de Guise.
Le jardin d’agrément du Familistère est aussi un jardin de rapport. Des arbres fruitiers sont plantés à partir de 1880. A l’est, où la pente du terrain est plus douce, est cultivé dès l’origine un potager. Une serre est rapidement construite ; une seconde serre sera rapportée après 1945. Le potager collectif devait approvisionner à moindres frais les magasins du Palais social en légumes. Le rôle du potager dans l’économie domestique familistérienne va s’effacer au profit d’une fonction éducative. Les premiers locataires du Palais – souvent d’origine rurale – vont, en 1860, obtenir de Godin la possibilité de cultiver des jardins individuels sur les parcelles laissées libres par le projet d’aménagement urbain. Leur initiative rend caduque la production unitaire. Le potager devient un atelier pédagogique pour les enfants des écoles du Familistère.
Le jardin devient un lieu important de commémoration lorsque l’Association érige en 1889 un mausolée sur la tombe de J.-B-A. Godin. Il est élevé à l’extrémité nord du jardin, sur un promontoire d’où l’œil du visiteur peut le mieux embrasser l’œuvre du fondateur du Familistère.
L’activité industrielle fait irruption dans cet espace « naturel » protégé. Le jardin est baptisé par les familistériens le « jardin du haut » ou le « jardin aux pieds noirs ». Du sable de fonderie était en effet utilisé comme revêtement des allées. Surtout, la voie de chemin de fer raccordant l’usine du Familistère à la gare de Guise et au réseau régional va être réalisée en 1900 par l’Association coopérative en pratiquant une longue saignée à travers le jardin. Une passerelle doit être construite par-dessus la voie pour relier la partie haute du jardin où se trouve le mausolée, légèrement désaxé par rapport à la nouvelle allée dont il forme la perspective.
http://www.familistere.com/site/plan.php
dimanche 5 décembre 2010
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